mardi 18 janvier 2011

La plupart des alternatives sont proposées. Dans la négociation concernant un scénario visant le rattachement de la Wallonie à la France et à la création de la Capitale Européenne (il y a d'autres scénarios possibles, à évaluer), il y a deux aspects. Le premier visant à pérenniser et assurer le fonctionnement de la Wallonie, de Bruxelles et j'irais même jusqu'à la Flandre. Le deuxième aspect, inhérant au premier, est de diminuer autant que possible l'impact des partis dit traditionnels qui sont en grande partie responsables de la situation et de l'estompement de la démocratie (depuis de dizaines d'années). Je pense que la Flandre ne peut refuser un élargisssement nécessaire à Bruxelles afin d'atteindre une masse critique suffisante pour être viable. Il s'agit d'un élargissement tant en Flandre qu'en Wallonie. Par ailleurs, Bruxelles n'étant plus ni Flamande, ni Francophone, mais Européenne, les intérêts ne sont pas antagonistes, au contraire. Aucune communauté n'ayant perdu ses intérêts.
Le rattachement de la Wallonie ne devrait pas poser problème. La Wallonie étant parmis les premières régions de France et la convergence de la charge de la dette ne serait pas en mesure de pénaliser les Français. La Flandre n'ayant pas la nécessité de créer un nouveau pays et gardant les signes et outils (déjà entre ses mains, en grande partie) et cela évite ainsi de longues négociations, des coûts inutiles.
Cette scission est une nécessité pour éviter les récupérations, les incessantes crises et le profit institutionnalisé.

Par Jules GAZON, Professeur émérite, HEC, Ecole de gestion de l’Université de Liège.


Il y a 3 ans, les responsables politiques francophones s’opposaient à toute réforme institutionnelle n’étant demandeurs de rien. Aujourd’hui, ils sont prêts à céder aux exigences flamandes : transferts de compétences et responsabilisation financière des entités fédérées, abandon des principales exigences francophones sur BHV. Si l’on devait conclure sur cette base, on pourrait se réjouir au moins d’une chose : que Bart de Wever ait exigé que « saine gouvernance » aille de pair avec « responsabilisation », qu’un « renouveau politique» s’impose pour en finir avec une représentation pléthorique tout en s’attaquant aux rentes de situation que se sont octroyées nos élus.
Quel sens donner à ce combat répété d’élection en élection pour sauver ce qui justifie encore la subsistance de l’Etat -l’essentiel du lien solidaire entre les Régions- sachant que ce dernier bastion sautera une prochaine fois. Car, telle est la volonté de 80% de Flamands ! S’il est légitime de vouloir sauver la Belgique, encore faudrait-il que celle qui s’annonce conserve les attributs d’une nation. L’a-t-elle jamais été malgré les efforts des historiens et des hommes politiques ? Dès sa création, très vite, les nationalistes flamands ont revendiqué leur propre identité. Comment pourrait-il en être autrement ? La majorité des Belges n’ont jamais vraiment communiqué entre eux : l’unilinguisme français dans un premier temps, le bilinguisme ensuite, ayant échoué.
Dernière tentative, de plus en plus relayée par les média, mais caractéristique stratégique du perdant : rester dans le sillon d’une Belgique pérenne feignant sa survie parce que la difficulté et le coût du séparatisme seraient supérieurs à celui déjà exorbitant des négociations à répétition. A se demander si l’on défend l’intérêt collectif ou des positions personnelles ! Le cynisme est à son comble quand, à ce discours, s’ajoute la reconnaissance sous le manteau d’une mésentente totale entre la majorité des négociateurs flamands et francophones. Preuve d’un désarroi extrême : ceux-là même qui défendent la Belgique qui se meurt, jouent les Cassandre assimilant le séparatisme à un mur opaque entre Flamands et Francophones, qui, chacun chez soi, ne pourraient être qu’ennemis. Leur désamour inavoué vis-à-vis de l’autre communauté irait-il jusqu’à vouloir empêcher qu’une fois séparés, certes parce que les Flamands l’auront voulu, nous devenions amis? Si nous le voulons, la fin de la Belgique peut paradoxalement sauver la belgitude dès lors que celle-ci se perçoit comme une façon d’être : notre surréalisme belge, notre sens de l’auto-dérision.
Divorçons à l’amiable en prenant le temps, une ou deux législatures s’il le faut, avec l’objectif déclaré de gérer les modalités de la scission en poursuivant la gestion du socio-économique dans l’intérêt commun. Nous partagerons la dette dont la charge respective ne sera pas simple à définir. Mais nous aurons l’intelligence de ne pas prêter le flanc à la spéculation internationale. Nous laisserons la dette antérieure dans un pot commun jusqu’à apurement, vis-à-vis duquel nous nous porterons débiteurs solidaires. Il en sera de même pour notre patrimoine et nos richesses culturelles que nous pourrons, suivant le cas, maintenir sous usage commun si tel est notre intérêt, comme l’Europe le promeut au travers des coopérations transfrontalières. Par ailleurs, contrairement à divers commentaires, personne n’aura intérêt à menacer les bienfaits réciproques de l’interdépendance économique actuelle entre Régions. Ce ne sont pas quelques modifications de programme informatique pour gérer nos échanges comme cela se fait pour les échanges internationaux qui pousseront les 2 entrepreneurs, qu’ils soient flamands ou francophones, à renoncer aux bénéfices que leur procurent actuellement leur implication commerciale et leur investissement dans la région voisine.
Sans développer ici les aspects juridiques inhérents tant aux délimitations territoriales futures qu’à la reconnaissance internationale de nouveaux Etats, il n’y aura pas de problème majeur si la scission du pays se fait à l’amiable. Ce qui ne signifie pas l’absence d’avis oppositionnels de certains Etats européens. De même, le devenir institutionnel de Bruxelles et de sa périphérie fera l’objet d’une négociation ardue, dès lors que les francophones, forts de la volonté des Bruxellois, s’opposeront à l’intégration de la Région bruxelloise à la Flandre sous quelque forme que ce soit(i). Sans aucun doute dans ce contexte, il sera fait appel à l’intervention de Puissances internationales et singulièrement européennes. Mais, malgré les velléités divergentes qui se manifesteront, le fil conducteur sera de laisser la liberté de choix aux habitants de Bruxelles et de sa périphérie. Soulignons toutefois que le projet d’agglomération que soutiennent diverses analyses économiques, ne doit pas être remis en cause par le devenir institutionnel de Bruxelles, car on peut facilement concevoir une agglomération transfrontalière. Je n’évoquerai pas l’avenir de la Flandre, qui, reconnue au plan international, pourra prospérer comme elle l’entend. Quant à la Wallonie, si on peut comprendre les velléités indépendantistes, il aurait fallu d’abord qu’elle se soit redressée depuis longtemps à travers son taux d’emplo (II), comme l’y invite justement Johan Van de Lanotte, pour qu’une indépendance soit économiquement et socialement soutenable. Une union de la Wallonie et Bruxelles est-elle possible ? Si conformément à diverses publications officieuses, les Bruxellois n’adhéraient pas à cette option, les Wallons devraient en prendre acte rapidement et en tirer toutes les conséquences en se concentrant sur leur intérêt propre. Inutile de reproduire les problèmes de la Belgique actuelle en constituant par la scission, un nouvel Etat composé de deux Régions où le lien solidaire serait à nouveau remis en cause. Reste pour la Wallonie, l’union à la France, seule issue, si on veut éviter le naufrage de notre sécurité sociale et une réduction drastique du pouvoir d’achat des Wallons. Mais les Wallons en France, avec les Bruxellois s’ils le souhaitent, sous des modalités qui intègrent l’essentiel de nos spécificités comme l’autorise la Constitution française, auront à réviser maints comportements de gouvernance publique. Le temps n’est-il pas venu d’un appel à la France de la part des Autorités wallonnes ?

(I) Ma « carte blanche » du 15 août 2010 non publiée, mais largement diffusée sur internet
(II) Le taux d’emploi est le pourcentage de personnes qui dans la tranche d’âge de 15 à 64 ans, ont un contrat d’emploi à temps plein ou à temps partiel.
Quelle que soit la configuration institutionnelle post-scission, retenons que Flamands, Wallons et Bruxellois deviendront les meilleurs intermédiaires économiques et culturels les uns pour les autres, en raison d’une profonde connaissance réciproque. Et que nous nous parlerons enfin sans complexe, ni hostilité linguistique.
Séparés, nous redeviendrons amis.

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